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Houcine Slaoui , La naissance présumée de Houcine Slaoui pourrait se situer vers 1918, car on tenait de ses proche, qu’il devait dépasser la trentaine de quelques années seulement en 1951 ; lui qui mourut si jeune, a néanmoins légué à la postérité des chefs-d’œuvre d’authentiques créations pleines de fraîcheur et d’humour, une sorte de satire sociale de bonne teneur.
L’itinéraire de cet artiste hors pair, était marqué par une série de ruptures et de mutations ; au début, il reproduisait comme les jeunes de sa génération les chansons en vogue qu’ils avaient l’habitude d’écouter dans les places publiques, et qu’ils avaient capté des disques “tournés” avec les rares électrophones disponibles chez les grandes maisons ; il y avait aussi, et probablement, les chansons des films égyptiens qui alimentaient les salles marocaines depuis les années 1930 ; plus tard, on comprendrait donc mieux comment s’est constitué l’univers mélodique et compositionnel de Slaoui.
Après la Seconde Guerre mondiale, il se lia d’amitié avec un Français, un pianiste de Casablanca, qui décida de l’aider à enregistrer à Paris ; il passa alors d’un artiste des places publiques à un meilleur statut après avoir été accepté par la firme “Pathé Marconi” qui allait lui enregistrer près d’une trentaine de chansons et sketchs.
Grâce aux enregistrements, Houcine Slaoui est devenu célèbre sur tout le Maghreb, contrairement à beaucoup de ses contemporains dont on ne connaît aujourd’hui que le nom : c’est le cas de Boujem’a al Farrouj que certains jugent plus important que Slaoui, mais dont on ne possède malheureusement pas de témoignage sonore. Houcine Slaoui avait adopté un style éclectique dans son traitement des gammes, rythmes et styles marocains ; il cherchait comme tout “hlayqi” (chanteur ambulant de la halqa) à satisfaire tous les goûts et choisissait de chanter “à la manière de...” en intégrant tous les genres régionaux dans un moulage tout personnel.
Il utilisa, de ce fait, un nombre important de gammes et de rythmes marocains mais également des modes de la chanson arabe d’Orient, qu’il stylisait et conditionnait par le rythme et le parler marocain. Slaoui utilisait avec une grande maîtrise toute une variété de rythmes alternant parfois le binaire et le ternaire ; ses chansons comportent aussi des formes typiques comme aqallal, la percussion des gnawa, la taqtouqa jabaliya, et des rythmes orientaux.
En vivant à Paris un peu plus que le temps de ses enregistrements, il allait acquérir d’autres idées en rencontrant d’autres artistes maghrébins et arabes : Moussa Azzouz au qanoun, un clarinettiste dont on ignore le nom, une chorale avec une chanteuse kabyle et Bahia Farah originaire du “Châm” (la Syrie). Les musiciens qui l’avaient accompagné ne se contentaient pas de suivre sa ligne mélodique, mais produisaient également des épisodes d’improvisation, il rivalisait lui-même en variations sur son guenbri.
La chanson de Houcine Slaoui peut être considérée comme une phase médiane entre la chanson populaire folklorique “ahâzîj” et le style élaboré de la chanson dite “moderne”. Le lien que Slaoui entretenait avec une thématique populaire imposait des limites à sa mélodie et à ses choix en matière de composition ; pourtant il conférait à celle-ci une touche de vivacité et de vigueur ; sa chanson qui était souvent musicalement mono thématique procédait par des répétitions dont ne se lassaient pas les auditeurs à cause de la variété des tons que devaient comporter le texte poétique et sa prosodie.
Slaoui était surtout le témoin d’une époque mouvementée et d’une génération qui avait connu les affres de la Seconde Guerre mondiale ainsi que ses retombées sur les colonies françaises : mobilisation des forces vives pour les fronts européens, disette et rationnement dans tout le territoire chérifien, bouleversement des habitudes et changement de mœurs consécutifs au contact brutal avec les populations occidentales ; on n’avait, pour comprendre cela, qu’à écouter les deux célèbres “Hdi Rassek” (faites attention) et “Al Mirikan” (les Américains).
Dans la première de ces chansons, il brossait avec un humour cinglant l’atmosphère de félonie et de mauvaise foi qui régnait dans certains commerces (était-ce une parodie de la réalité, une exagération de certains faits anodins ?) ; en tout cas, à cause de la crise, ce qui était censé être normalement marqué de régularité et de droiture, était devenu, quelque part, un espace de conflit et de tricherie. Dans la deuxième chanson, probablement écrite et chantée en 1942, il décrivait les faits sociaux qui ont fait suite au débarquement américain sur les plages marocaines ; tout le monde, même les vieilles femmes, s’était mis à la mode du chewing gum, et lançait à qui voulait l’entendre quelques petites phrases en anglais, plutôt des mots du genre “ok”, “come on”, “bye bye”…
L’Histoire réservait pourtant une fin tragique à l’artiste ; on ne sait pas de quoi il était mort, mais il avait en tout cas souffert d’un mal terrible ; ce qui avait alimenté à son sujet une légende de martyr qui pouvait nous rappeler celui des authentiques artistes romantiques du XIXème siècle : était-il vraiment empoisonné pour une raison mystérieuse, aurait-il été l’objet d’une intrigue de femmes, ou était-il victime d’une overdose ? étrange destin.
Le parcours est presque similaire point par point à un autre artiste mythique du XXème siècle, bien que trente ans les séparent ; en effet, quand on compare Houcine Slaoui et Sayyed Darwich l’Egyptien, on se rend compte de cet état de fait :
les deux ont à peine dépassé la trentaine de quelques années, les deux ont pris attache avec le peuple dans les places publiques et ont de ce fait forgé une chanson sincère et profondément ancrée dans la conscience collective, les deux ont souffert de leur condition d’artiste,
les deux ont également été accusés de contact avec la drogue ; les deux enfin, ont, par delà une période de discrédit, occupé une place symbolique dans la mémoire du peuple.
Mais alors que Sayyed Darwich est érigé au rang de monument en Egypte, notre Houcine Slaoui est à peine évoqué avec quelques mots sans grande teneur ; certes, sa contribution au développement de la musique marocaine n’est point perçue comme déterminante, mais elle pourrait constituer l’un des chaînons de sa spécificité, une étape historique de son développement. Ne mérite-t-il pas encore le titre réhabilitant d’artiste du peuple ? .music mp3 video clip 2013 .
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